Avant le camp No Border, quelques
heures à Calais, ville assiégée
Depuis le 23 juin et jusqu’à la fin de la semaine, des militants hostiles à la politique européenne d’immigration se
sont installés à Calais, où ils organisent le camp « No border ». Ils réclament la liberté de circulation pour tous et la fin des frontières et des contrôles
migratoires.
Une grande manifestation aura lieu à Calais samedi à 10 heures, mais une riveraine nous a raconté son passage dans
une ville « en état de siège » où elle transitait par hasard, en début de semaine. Récit.
La manifestation de « No Border » (« Contre les frontières ») attise très visiblement l’esprit
sécuritaire de notre pays. Même quand on n’est pas au courant de ce qu’il se passe dans cette ville, et même si on ne la connaît pas, ça saute aux yeux.
Il suffit déjà de prendre le périphérique de Calais le 22 juin dans la matinée pour croiser un convoi de gendarmes formé
d’une quinzaine de camionnettes. Le convoi roule au pas et à vitesse régulière. On ne sent pas les gendarmes pressés.
On comprend vite que le rythme ne doit pas être ralenti par le dépassement intempestif d’un véhicule civil. Autant dire
que les voitures à côté ne dépassent qu’avec timidité tout le convoi. Sitôt la surprise passée, on passe quand même à autre chose.
Une grande banlieue en travaux
A quoi ressemble Calais par exemple ? A une grande banlieue en travaux ! On a déjà entendu parler de Calais,
mais seulement via Sangatte. Justement, le lieu est indiqué sur un panneau. On évite et cherche « Calais centre ».
On croise un terrain vague encerclé de grillages, qui laissent toutefois une grande ouverture. A l’intérieur, assis ou
debout, près d’une centaine de personnes étrangères, on le devine, semblent attendre là sans avoir rien à faire. Il s’y trouve deux ou trois camionnettes qui distribuent on ne sait quoi !
Des vivres, peut-être.
Toutes les personnes présentes semblent venir du même coin de la planète. Ils ont la peau mate, ils sont jeunes et à
première vue, il n’y a que des hommes. On se dit que c’est ça aussi, Calais. Au fond on n’est pas étonné.
Ça va, ça vient, par ferry, par le tunnel sous la Manche… Y-a-t-il d’autres moyens ? En tout cas, pour en avoir fait
l’expérience, par tunnel, n’y passe pas qui veut. A Calais, les douaniers sont vigilants. Passeports et soutes à bagages sont ultra contrôlés. Ça énerve les « No Border ».
Nous, on n’était même pas au courant que ça existait ça, des gens qui s’opposent aux frontières. Il n’y a tellement
« plus de frontières »… sauf entre la France et l’Angleterre, et en particulier entre Calais et Folkestone.