Retrouvez ci-dessous mon interview dans la Voix du Nord, édition Calais, publié ce jour.
Philippe Blet a fait son retour en politique hier soir. L’ancien président de Cap Calaisis, poussé à la démission mi-avril pour son budget jugé dispendieux, a siégé au conseil communautaire de l’agglomération en qualité d’opposant. Nous l’avons rencontré, serein et déterminé, quelques heures avant la séance
La Voix du Nord, Calais : Comment allez-vous ?
« Je vais bien ! Je suis passé de 35 heures par jour à 35 heures par semaine ( Éducateur de formation, Philippe Blet a retrouvé son poste dans une structure médico-sociale du Calaisis à l’issue de sa démission). Retrouver le calme dans ma vie personnelle était aussi important. »
VDN : Avez-vous l’impression d’avoir été manipulé, trahi?
« Moi, non. Les électeurs, oui. Natacha Bouchart a trahi les Calaisiens qui ont voté pour l’accord de gouvernance entre le MRC* local (Mouvement républicain et citoyen), signé en 2014 à l’aube des municipales. Quand on signe un contrat, on le respecte. On est en politique, et contrairement à la boxe, tous les coups sont permis. Il n’y a pas de règle du jeu, pas d’arbitre. La violence avec laquelle ma démission s’est déroulée démontre l’indignité du comportement de la maire de Calais. C’est un putsch de l’UMP pour prendre le pouvoir et guerroyer aux prochaines élections contre la gauche ».
VDN : Regrettez-vous d’avoir démissionné ?
« Absolument pas. Je ne souhaitais pas à ce moment-là entrer dans la mélasse de la politique politicienne. J’avais le choix d’entrer en résistance en restant président. Natacha Bouchart m’a proposé la présidence du SITAC et d’autres instances comme vice-présidence. Mais pour quoi faire, sans moyens? Le projet de 2008, c’était de faire bouger ce territoire. Accepter aurait été contraire à mes valeurs ».
VDN : De quels projets êtes-vous fier ?
« Le fonds d’innovation pour l’emploi, trouver 160 hectares de foncier alors que le territoire en manquait cruellement, l’électrification de la ligne TER Calais-Dunkerque, le Jardin des arts, le festival des violons, la renaissance des fêtes maritimes ».
VDN : Pensez-vous, avec le recul, avoir fait des erreurs de gestion, des fautes politiques ?
« J’ai sans doute fait des erreurs dans les choix techniques mais pas politiques. Oui, il fallait muscler le service finances, ça n’a pas été fait assez rapidement. Je revendique le courage politique d’avoir construit une école d’art à plus de 9 M€, en y mettant des budgets pour qu’elle puisse fonctionner, soit un vrai lieu de vie, une belle cathédrale en face d’une cathédrale vide, les 4B, pour animer le centre-ville ».
VDN : Pourtant, les vice-présidents ont voté à l’unanimité pendant des années ce budget…
« C’est le bal des faux-culs. À moins que je sois un grand gourou qui pendant sept ans a fait voter à l’unanimité les budgets en investissement, en fonctionnement, en termes de politiques publiques innovantes et d’embauches. J’ai toujours dit sur la question de l’impôt qu’une augmentation était nécessaire pour poursuivre les projets. Cela représentait 30 € par foyer fiscal en 2015, soit entre 2 et 3 € par mois. Le budget aujourd’hui est asséché. C’est une perte en termes d’animation politique innovante de territoire qui permet de tirer vers le haut ».
VDN : Natacha Bouchart présidente de l’agglo, qu’en pensez-vous ?
« Politiquement, c’est logique. Cela l’est moins au regard de ses propos antérieurs quand elle dénonçait le cumul des mandats de Jacky Hénin (ancien maire de Calais et président de l’agglomération) et aussi de son agenda ».
VDN : Avez-vous pensé à quitter la politique ?
« La politique, c’est passionnant. Pourquoi j’arrêterais ? Ce territoire est une pépite qu’il faut faire briller. C’est pour cela que je continue. Je reste conseiller municipal et communautaire ».
VDN : Dans les urnes, les électeurs vous ont plutôt boudé ?
« Une assise politique se fait avec le temps. Mitterrand le disait. Il faut laisser le temps au temps, surtout en politique. Je reprends contact avec les uns et les autres ».
VDN : Malgré votre démission, les élus de votre parti ont décidé de suivre la majorité municipale et pas vous. Votre famille politique vous abandonne. C’est un sérieux revers…
« La chair est faible… Ce sont des individualités. Mais trente-sept personnes au MRC estiment, depuis notre assemblée générale du 28 avril, qu’il n’y a plus d’accord avec Natacha Bouchart. Jean-Marie Alexandre ( secrétaire du MRC du Pas-de-Calais), a décidé de passer outre cette décision au prétexte qu’elle n’avait pas été prise par le bureau départemental. Je vais déposer un recours auprès du parti national .»