Le New York Times publie en moyenne chaque semaine : 968 000 mots. Soit presque
l’ensemble de Corneille ou les trois quarts d’« A la recherche du temps perdu » de Proust. Une œuvre qui compte 1,3 million de mots.
En France, le quotidien du soir « Le Monde » met chaque jour à la disposition
de ses lecteurs l’équivalent d’un livre de poche.
Vous le savez, je ne suis pas un grand orateur, ni un lecteur d’exception, mais même un
lecteur capable de lire mille mots par minute, huit heures par jour, aurait besoin d’un mois et demi pour lire toutes les informations d’une seule journée. Après quoi, il aurait accumulé un
retard de cinq ans et demi de lecture. L’humanité écrit plus qu’elle n’est capable de lire. Toutes les 35 secondes un livre est publié.
Pour affirmer aujourd’hui « la chair est triste, hélas !
Et j’ai lu tous les livres » Mallarmé devrait rallonger les étagères de sa bibliothèque d’au moins 20 kilomètres.
Les mots nous entourent. Leur beauté nous échappe tant elle se noie dans la profusion, dans l’excès.
Ecrire est un vrai bonheur. Tracer des lettres, former des mots, bâtir des phrases et
leur donner un sens peut être un exercice véritablement délicieux. Un texte a un rythme, une musique propre, unique. Lorsque l’on arrive à lui imprimer une cadence en lien avec les mots utilisés
alors le texte est réussi.
Je comprends la volonté de l’artiste qui souhaite que de temps en temps l’on regarde
l’écriture plutôt que de la lire. Elle est une forme artistique, c’est aussi un dessin. Elle a sa propre valeur, sa propre intensité. Elle a une signification intrinsèque : l’Homme peut
communiquer.
Je comprends son souhait d’utiliser des supports et matériaux différents. Les mots ne
se ressemblent pas, ils sont âpres, doux, durs ou mielleux. Les phrases sont différentes en fonction des mots choisis.
J’apprécie cette suite de
suspensions. Elles évoluent en fonction de nos déplacements. Un souffle les met en mouvement. Leurs ombres apportent une seconde lecture.
Cette exposition s’est construite au fil des rencontres, des émotions et des échanges.
L’écriture, les mots sont tout cela également. J’espère que les visiteurs comprendront l’importance des mots, la beauté de l’écriture et leur place dans l’art.
En tout cas, ils ont toute leur place dans la Maison Pour Tous. L’initiative de l’Ecole
d’Art est heureuse. Je félicite chacun pour le travail accomplit.
Je sais que rares sont les occasions de montrer son travail
artistique.
Je suis persuadé que le nouveau médiateur du musée des beaux arts de Calais saura
parler aussi bien de ses œuvres que de celles des autres.