L’affaire des squats de migrants, reprise par toute la presse, tombe plutôt mal. Même si elle correspond à une certaine réalité. On pourrait croire que Calais est submergé par une nouvelle vague d’immigration, ce qui n’est pas tout à fait le cas.
Dans les faits, les réfugiés représentent en ce moment 0.5% de la population. Dans ce contexte, chacun doit continuer de tenir son rôle dans le respect d’un certain équilibre. Et il serait dangereux de vouloir bousculer les choses. Depuis des années les associations assument remarquablement un rôle d’accueil et de réconfort qu’elles apportent aux réfugiés. Les policiers font leur travail, pas toujours simple, il faut bien l’admettre, en respectant les directives qui leurs sont données, y compris dans l’évacuation de squats.
Et les collectivités apportent leur concours pour que le système d’accueil précaire qui existe dans le Calaisis tienne compte du caractère humaniste du problème que pose la présence, sur le territoire, de trois à quatre cent réfugiés : depuis 2008, mise en place du Conseil des migrants (lieu d’échange avec les associations et les institutions), point d’accueil pour la distribution des repas, la mise en place de douches et toilettes ainsi qu’un lieu d’accueil pour les personnes les plus fragiles géré par la Croix rouge.
Quant aux habitants, ils font preuve depuis vingt ans d’un remarquable sens de tolérance et de compassion que bien des villes nous envient.
Tout n’est pas parfait, bien sur, mais cet équilibre précaire fonctionne depuis des années parce que tout le monde sait que la solution, si elle existe, ne viendra pas du Calaisis mais de l’Europe. C’est donc du ministère de l’intérieur que doit venir l’action. En ce sens, la venue annoncée à Calais du ministre Manuel Valls revêt une importance primordiale.
En attendant, certains partis politiques feraient bien d’éviter de mettre de l’huile sur le feu. Il est inadmissible d’utiliser la détresse humaine à des fins partisanes.