Pour bien marquer cette volonté de développer le « vivre ensemble », j’ai proposé que cette cérémonie des vœux se déroule dans une des communes qui
composent la communauté d’agglomération. D’ici la fin du mandat, nous aurons l’occasion de venir dans chacune d’elles. La Communauté d’agglomération est née avec ce siècle. Cap
Calaisis, Terre d’Opale tout comme le 21ème siècle fête donc ses dix années d’existence.
Ce qui est clair aujourd’hui, c’est que nous sommes entrés de plain-pied dans le siècle du paradoxe, de
tous les paradoxes.
Ce grand paradoxe, Edgar Morin le souligne dans son dernier ouvrage, voici ce qu’il écrit :
« il est possible techniquement, aujourd’hui, de nourrir chacun, d’assurer une vie décente à tous, de réguler l’économie, de trouver des solutions à tous les problèmes matériels, de
confédérer pacifiquement toutes les nations de la Terre. Et pourtant, ce réalisme est utopique. Ce qui semble possible se heurte à d’autres réalités qui vont en sens contraire. Et l’on trouve
normal qu’on détruise les excédents agricoles européens alors que la famine frappe un quart de l’humanité »
Nous sommes dans le siècle où tout le monde veut être « googlelisé » et pourtant nous n’avons pas
tous les mêmes chances d’accéder aux technologies de l’information et de la communication. Pour corriger cette injustice, nous, collectivités territoriales, nous avons à faire preuve
d’imagination. Nous avons à faire des efforts pour atteindre cet objectif qui n’a rien d’un gadget : permettre à tous d’accéder à la connaissance et de ne pas décrocher du progrès.
L’accès au haut débit informatique est devenu fondamental tant pour les citoyens que pour les entreprises,
comme l’était le téléphone il y a 50 ans. Pour le citoyen cela signifie avoir accès à prix réduit aux modes de communication actuels, à l’information et au savoir.
Pour les entreprises, le haut débit cela signifie compétitivité et réactivité. Pour les administrations
cela peut évoquer la dématérialisation et une économie de papier et d’argent. Tous les acteurs du territoire ont donc à gagner à ce projet de « territoire numérique » qui doit être
commun et doit tous nous mobiliser.
Paradoxe mondial mais aussi national : où la décentralisation semble être l’élément principal dans le
rapport entre l’Etat et les territoires et en même temps arrive une réforme qui ne laisse à la communauté d’agglomération qu’une maitrise de 40% de ses recettes seulement.
Vouloir renforcer l’intercommunalité ne doit pas être synonyme de l’empêcher d’agir. Vouloir simplifier nos
institutions locales ne veut pas dire tout embrouiller en matière de compétences. Ce sujet mérite au contraire une clarification surtout lorsque l’on veut réformer le mode
d’élections des conseillers communautaires. Dès 2014, ceux-ci seront élus au suffrage universel.
Que dire aussi du paradoxe qui nous conduit à augmenter la redevance assainissement parce que justement les citoyens sont assez conscients de la nécessité de
préserver nos ressources naturelles et qu’ils font des efforts pour mieux gérer leurs consommations. C’est un monde à l’envers qui se dessine.
En effet, moins de consommation signifie moins de redevance et dans le même temps plus de contraintes
induisent plus de dépenses.
Paradoxe national mais aussi local : nous avons une situation géographique exceptionnelle et pourtant,
je lis dans « le cahier des changements », que seulement 22% des entrepreneurs de la côte d’opale interrogés, affirment être ouverts à leur environnement géographique euro régional.
25%, le sont moyennement et 53% pas du tout. C’est peu. C’est trop peu pour un territoire dont l’avenir économique est d’être tourné à l’international.
Le Calaisis est un territoire qui possède tous les atouts pour s’en sortir mieux que les autres. Pourtant,
ces atouts ont été négligés pendant trop longtemps. Lors de ces débats pour le cahier des changements, nous avons entendus cette interrogation : Où sont nos
conquérants ?
Nos conquérants sportifs, nous en avons quelques exemples. Il y en a un dont l’année 2010 fut l’année de la
consécration.Il s’agit bien entendu de Romain Barras, qui a remporté, en juillet 2010, à Barcelone, le titre de Champion d’Europe de décathlon.
Il a fait preuve de ténacité et de l’endurance nécessaire pour ne rien lâcher et pour atteindre ses
objectifs malgré les difficultés et les pronostics d’observateurs parfois critiques. C’est un exemple que le territoire doit suivre. Ne jamais cesser de croire en soi et ne jamais
abandonner.
Nous avons un autre conquérant. Un conquérant des mers et des océans. Pierre Yves Chatelin. Il a pris le départ de la route du rhum avec son nouveau bateau. Il
a navigué en tête dans sa catégorie avant que la machine humaine ne le contraigne à renoncer. C’était dur pour lui et pour nous. Mais c’est la vie.
Bien se préparer, savoir rassembler des partenaires et des bonnes volontés pour mener à bien son projet,
bien connaitre ses forces mais aussi ses faiblesse, savoir gérer et savoir prendre les bonnes décisions au bon moment sont des qualités que Pierre Yves Chatelin possède et qui doivent nous
inspirer également.
Des artistes conquérants nous en avons également. Comment ne pas parler de Didier Lockwood. Il est le
directeur artistique du festival que nous créerons cette année : le festival des violons, chants du monde qui aura lieu du 25 au 28 mai 2011. C’est un événement artistique de dimension
internationale.
Il s’agira de plusieurs évènements musicaux de grande qualité et accessibles tant culturellement que
financièrement. Je reprends pour moi cette idée d’Antoine Vitez fervent défenseur d’un « élitisme pour tous».
Nos conquérants économiques sont, j’en suis convaincu, dans cette salle. Ils sont présents aujourd’hui et
le seront le 19 janvier prochain pour les premiers vœux du premier président de la toute nouvelle Chambre de Commerce et d’Industrie Côte d’Opale.
Le bilan 2010 des zones d’activités gérées par cap Calaisis en témoigne. Malgré la crise, pas moins de dix
cessions de terrains ont été signées avec au bout des créations d’emplois. D’autres sont déjà
approuvées et seront effectives en 2011comme pour Flandre Bâtiment, Caron ou encore une seconde
phase pour la société Nord Concassage.
Nous avons posée, il y a quelques jours, la première pierre de la clinique psychiatrique avec à terme 200
emplois et déjà une seconde phase est projetée en plus de la résidence service qui doit voir le jour. Le pôle santé du Calaisis est bel et bien lancé. C’est une réalité.
Dans le domaine de la logistique, cinquante et un hectare de la Turquerie ont été
achetés et le processus d’acquisition se poursuit. Une vente à la société Deret et un protocole avec la société Affine Concerto ont été signés. Un logisticien s’est montré intéressé par la
totalité de cette future zone logistique qui pourtant n’existe pas encore.
Cet intérêt, très marqué, prouve la position stratégique de tout premier plan tant pour le Tunnel que pour
le port et nous donne raison sur les efforts financiers que nous avons consentis.
Cela étant dit, il faut être parfaitement conscient que nous essayons, dans un temps très court, de
rattraper beaucoup de retards.
Nos conquérants sont bien souvent des innovateurs, des pionniers qui défrichent, trouvent et font prospérer leurs idées et créent de l’activité économique et
de l’emploi. Pour un territoire la dynamique de l’innovation est indispensable au risque pour celui-ci de dépérir pour ne pas savoir se projeter dans l’avenir et soutenir ses créateurs.
Le fond d’aide à l’innovation que nous avons créé a déjà permis de soutenir la teinturerie Bélier et la
société Meccano dans leurs projets. Codentel va en bénéficier tout prochainement. Tioxide en bénéficiera également à hauteur de cinq cent mille euros.
Dans son ouvrage « la dynamique de l’innovation » François Caron précise, en effet, que
l’entreprise est l’un des lieux privilégiés de l’innovation et de la construction des nouveaux savoirs techniques et scientifiques.
Que seule l’entreprise, qu’elle soit privée ou publique, est en mesure de transformer les connaissances
scientifiques et les savoir-faire techniques en produits ou services utilisables ou consommables. L’entrepreneur ne peut assurer la survie de son affaire qu’en la maintenant sur le front le plus
avancé de la technologie. Il ne peut y parvenir que par l’innovation, en combinant ses propres savoirs avec ceux de ses collaborateurs directs et de ses salariés et en intégrant dans ses
pratiques les savoirs qui se construisent ailleurs, dans les universités, les écoles d’ingénieurs ou les autres entreprises.
L’avenir de notre territoire passe donc par la formation des cadres et des ingénieurs. L’implantation à
Calais de l’école d’ingénieurs, l’ISTAC, a donc été une excellente nouvelle. Cette création a nécessité la mobilisation de l’ensemble des partenaires de ce projet. Cette
mobilisation a été exemplaire et montre que lorsque nous savons agir ensemble rien n’est impossible.
Ce combat pour l’école d’ingénieur a été le bon. Il prépare l’avenir du territoire.
C’est pourquoi, le Calaisis doit aussi être candidat à l’implantation d’un « Internat
d’excellence ». Sept de ces internats, permettant aux jeunes de milieux modestes de préparer l’entrée aux écoles d’ingénieurs, sont prévus en France. Cap Calaisis apporte aussi son soutien
financier à l’Université du Littoral pour la création de la maison de la recherche et de l’innovation. Mais l’avenir passe aussi par l’innovation dans les entreprises, y
compris l’innovation sociale en impliquant les syndicats.
Nous connaissons tous la formule Penser global, agir local. Edgar Morin, toujours lui, nous invite
aujourd’hui à penser local d’abord et agir global ensuite.
Cela change la perception. C’est-à-dire qu’il faut réintroduire l’être humain comme moyen, comme fin, et
comme sujet politique. La mondialisation n’est pas une mauvaise chose en soi. Elle est néfaste parce que nous nous trompons de chemin.
Elle pourrait être une coopération économique, sociale et culturelle, une communauté de destin, un destin
solidaire. Je suis pour le « juste échange ». Elle pourrait être l’élément qui favorise l’initiative locale et la vitalité des territoires plutôt que d’être destructeur. Si l’on conçoit
une mondialisation qui part du bas vers le haut et non une mondialisation qui vient d’ailleurs, de nulle part, et qui s’impose à tous.
Je ne suis pas contre l’économie de marché mais je suis pour qu’on lui impose des règles et des contrôles.
Je suis pour l’économie plurielle et notamment grâce au développement de l’économie sociale et solidaire.
Il faut savoir que l’économie sociale représente aujourd’hui environ 8% du produit intérieur brut et 10%
des emplois. Son impact est loin d’être négligeable puisque cela représente deux millions deux cent mille emplois salariés et quelque deux cent quinze mille établissements en France. En plus,
elle a une approche particulière du profit, de la gouvernance et du management. Ces mille et une petites initiatives locales ont la capacité à transformer en profondeur notre société et à
proposer des réponses concrètes aux défis qui nous sont posés.
Les débuts de ce siècle ont été marqués par une crise économique. Nous vivons des années difficiles, âpres
pour les plus fragiles, où la précarité se généralise, amplifiant les retards accumulés comme sur notre territoire.
Je ne veux portant pas baisser les bras et je veux rappeler très fermement que la création d’emplois reste
mon obsession quotidienne. Chaque emploi créé et un emploi de gagné. Je n’ai pas d’autre leitmotiv que celui là. Un récent sondage montre que le chômage est la première priorité de 87% des
français. C’est petit à petit, grâce au dynamisme des PME – PMI et aux actions que nous pourrons mener pour faciliter les implantations que nous gagnerons cette
bataille.
Je voudrais vous présenter deux de ces créateurs : J’invite à nous rejoindre Franck Prudhomme et Laurent Pruvot créateurs de l’entreprise
« Les pieds sous la table ».
Mesdames et messieurs, ces jeunes créateurs sont un exemple pour nous. Comme eux Nous devons, c’est
évident, nous projeter en avant.
C’est exactement mon état d’esprit pour ce dixième anniversaire de la communauté d’agglomération.
Il s’agira, bien entendu, de profiter de l’occasion pour faire connaitre les services que l’agglomération
apporte, au quotidien, aux habitants du Calaisis. Ces services sont encore trop peu connus. Ce sera de surcroit une bonne opportunité pour mettre en avant les agents communautaires qui portent
ces services avec sérieux et conviction.
Mais cette année sera aussi et surtout l’occasion d’imaginer les dix prochaines années. Nous devons
réfléchir ensemble sur ce que doit être CAP Calaisis dans l’avenir. La reforme des collectivités territoriales prévoit que : « les préfets mèneront avec les élus locaux, dans chaque
département, un travail conjoint afin d’achever, de simplifier et de rationaliser la carte intercommunale ».
Ces schémas départementaux de coopération intercommunale doivent, être élaborés avant la fin de l’année
2011 et être appliqués en 2012 et 2013. On le voit bien nous avons tout intérêt à réfléchir ensemble, sans tarder, et aboutir à un consensus satisfaisant pour tout le monde.
Cela vaut mieux que de voir appliquer une décision préfectorale qui forcément fera des déçus puisqu’imposée
à tous. Changer le périmètre de notre agglomération est un défi aussi difficile que passionnant. Je suis convaincu qu’en partant de la notion de bassin de vie une ébauche
pourra se dessiner sans heurts.
Ce défi, nous ne pourrons pas le réussir sans les habitants.
Il ne faut jamais oublier que le territoire ce sont d’abord et avant tout les habitants. Ils en sont le
principal intérêt. Ils sont la principale raison de notre action. Ils sont au cœur de toutes nos décisions.
Ils nous demandent des actions concrètes et notamment en matière d’insertion sociale, professionnelle et
culturelle. Pour l’agglomération ces actions passent par le CLEA, les CUCS ou encore le CISDP.
Le CLEA, Contrat Local d’Education Artistique porte la principale participation
culturelle de l’agglomération. Il donne accès à la culture au travers d’actions qui rassemblent de nombreux partenaires et notamment l’éducation Nationale. Une ambition qui se traduit par des
moyens financiers conséquents : 175 000 euros annuels.
La communauté d’agglomération assure le pilotage et la coordination du dispositif du Contrat Urbain de
Cohésion Sociale. Pour l’année 2011, Cap Calaisis consacrera plus de 170 000 euros pour des opérations relavant du l’habitat et du cadre de vie, de l’accès à l’emploi et du développement
économique vers les quartiers en difficulté.
Cap Calaisis mobilisera aussi plus de 174 000 euros pour les volets de la réussite éducative et de
l’égalité des chances, de la citoyenneté et de la prévention de la délinquance.
Nous avons lancé officiellement en 2010 le Conseil Intercommunal de Sécurité et de Prévention de la Délinquance. Quatre médiateurs ont été recrutés et les
actions menées ont touchées plus de 120 élèves des collèges de l’agglomération. Le CISPD va développer encore son action en 2011 et notamment au travers des opérations du type « tribunal
virtuel » ou encore par la mise en place des TIG, travaux d’intérêt général.
Avant de vous présenter mes vœux, je suis heureux de voir autant de monde ce soir. J’ai eu une crainte, je
vous l’avoue. Qu’à la lecture de l’invitation vous remettiez votre venue à …l’année dernière.
Mais trêve de plaisanterie, je vous souhaite en mon nom et au nom de tous mes collègues élus
communautaires, une belle et grande année 2011.