On peut se féliciter du passage à Calais du ministre de l’intérieur venu annoncer un certain nombre de décisions concernant les réfugiés. Même si l’aspect politique du dossier est occulté et que l’on attend toujours une décision européenne et une implication des britanniques pour faire cesser les flux de réfugiés candidats à un exil vers l’Angleterre. Le Royaume-Uni, pays européen, doit prendre sa part de responsabilité dans la résolution de la situation de Calais avec une approche humaine et solidaire à l’égard des migrants, de la France et du reste de l’Europe. Les anglais doivent notamment tenir compte du cas des personnes en besoin de protection ayant des attaches familiales ou culturelles avec la Grande-Bretagne. Cela contribuerait à une répartition plus équitable des demandeurs d’asile en Europe.
Pour l’heure, même si la sécurité des biens et des personnes est importante, ce n’est pas le renforcement policier ni les barrières, ni les contrôles sophistiqués qui feront baisser la détermination de ceux qui viennent de pays où ils n’ont plus rien à espérer que la mort.
C’est cependant une avancée importante qui est annoncée aujourd’hui pour le Calaisis. Elle devrait aboutir à un traitement plus humain de la présence sur notre territoire de plusieurs milliers de réfugiés (hommes, femmes et enfants) totalement livrés à eux-mêmes et souvent dépourvus du minimum vital.
Tout ce qui a été mis en place par la municipalité depuis 2008 (douches, aire de repas, accueil des populations les plus fragiles…) est totalement dépassé aujourd’hui vu le nombre de personnes concernées. Ces installations étaient dimensionnées pour deux cent à quatre cent personnes, pas pour deux mille trois cent !
Il était donc temps que l’Etat prenne ses responsabilités pour soulager les habitants du Calaisis qui subissent cette situation, même si, dans l’ensemble, ils font preuve de beaucoup de mansuétude, de tolérance et de solidarité envers les migrants.
Les associations humanitaires, elles-mêmes, sont dépassées par l’ampleur du phénomène migratoire sur Calais. Leur rôle reste déterminant mais il est temps que l’Etat prenne la relève et assume son rôle de pays d’accueil.
La récente prise de position de Madame Bouchart, Sénateur maire de Calais, proposant la création d’un centre d’accueil de jour au centre de loisirs Jules Ferry a été, elle-même, le déclencheur d’un changement d’attitude de l’Etat qui était, jusqu’à présent, essentiellement répressive.
Pourtant, un lieu d’accueil de jour est bien le moins que l’on puisse faire si l’on veut que notre statut de pays des droits de l’Homme ait encore un peu de sens. Et ceux qui craignent que ce centre ne soit un point de fixation et d’attirance pour les réfugiés restés aux pays se trompent totalement de combat. On ne fuit pas son pays, on ne quitte pas sa famille, on ne fait pas des milliers de kilomètres dans des conditions dangereuses pour venir prendre une douche à Calais ou avoir une petite tasse de café ou un maigre repas quotidien.
Je le répète depuis des années, la sécurité est indissociable de l’humanité.
La communauté d’agglomération que je dirige a toujours accompagné les décisions prises par la municipalité de Calais en mettant à disposition, chaque fois que cela était possible, les terrains nécessaires aux installations d’accueil et d’hébergement à l’intention des réfugiés. Nous continuerons à le faire dans le cadre de la nouvelle prise en charge de ce problème par l’Etat.
Par ailleurs, je regrette que le déferlement médiatique autour des réfugiés occulte le travail réalisé depuis des années pour faire sortir le Calaisis de l’ornière économique dans laquelle elle se trouvait. Je sollicite donc l’aide des services de
l’Etat afin de nous aider à donner à Calais et au Calaisis une autre image que celle de batailles rangées entre forces de l’ordre et réfugiés.
Malgré l’acuité du problème migratoire et les difficultés économiques, notre territoire a de nombreux projets de développement (Centre de congrès, Golf, zones logistiques, parc de jeux, agrandissement du port …) Ces projets, qui sont aussi notre quotidien, nous aimerions qu’ils soient mieux soutenus et mis en valeur par les autorités régionales et nationales. L’inauguration de la nouvelle école d’Arts par la ministre de la culture serait, par exemple, un geste particulièrement apprécié.