Il ne suffit plus désormais de sortir de l’école et d’aller frapper à la porte de l’entreprise pour être embauché.
Désormais le parcours est autrement plus complexe et long. Les handicaps s’accumulent à proportion du rétrécissement du marché de l’emploi. Dorénavant il faut avoir fréquenté les bonnes
écoles.
Il faut être bardé de diplômes. Il faut avoir de l’expérience sans être trop âgé. Il faut avoir le bon look. Et
surtout, il faut ne pas être issu des quartiers dit en difficulté.
On peut comprendre l’exigence des entreprises dans l’obligation d’être performantes. Mais la réponse de la société
doit être moins discriminante.
La situation des jeunes dans ces quartiers doit nous amener à des réflexions profondes.
Elle exige de nous la mise en œuvre des réponses efficaces.
Il est impensable pour une société de décourager sa jeunesse avant même son entrée dans la vie active. Il n’est pas
concevable que des générations entières soient désabusées à l’âge où les rêves, les projets et les expérimentations sont d’usage.
Pierre Mendès France disait fort justement : il est
impossible d’être jeune et de dire « à quoi bon ».
Il ajoutait :
Aucune mesure n’est saine si elle n’intègre, au moment où elle est conçue, formulée et enfin appliquée, son
incidence et ses retombées chez les jeunes.
C’est à travers ce prisme que je regarde toute initiative, toute mesure prise, toute action.
C’est aux jeunes de nous dire si tel ou tel système fonctionne et répond à leurs attentes.
Il en est ainsi du contrat d’autonomie. Et la rencontre d’aujourd’hui est intéressante de ce point de
vue.
Je ne veux être ni accusateur, ni moralisateur. Les faits parleront d’eux même. Ce que je sais aujourd’hui c’est
qu’avec l’absence de RMI jeune, avec les règles d’indemnisation du chômage qui excluent bon nombre d’entre eux, la mobilité est illusoire.
La multiplication des mesures et formations sans débouchés concrets augmentent la méfiance des chercheurs d’emploi
qui eux aussi ont envie d’efficacité.
Un suivi personnalisé qui ne se concrétise que par un entretien trimestriel, au mieux, n’encourage guère la
mobilisation.
Il est urgent et indispensable d’aller au-delà de la simple déclaration d’intention. Un vrai suivi personnalisé est à
mon sens plus que nécessaire.
Nous en sommes là aujourd’hui. L’effort à produire est conséquent. Il doit être à la mesure de la détresse, du
sentiment d’abandon, du désespoir des jeunes. Je n’ai pas de plaisir à critiquer. Je ne veux surtout pas tout noircir. Il y a des acteurs de terrain formidables qui s’investissent sans
compter.
Mais que peut faire un bon ouvrier sans les bons outils ou pire avec des outils qui produisent le contraire des
résultats souhaités.
Tout retard est difficile à rattraper en ce domaine.
A l’initiative de la communauté d’agglomération que je préside, la Maison de l’emploi et de la formation ouvrira
bientôt ses portes. Elle proposera à tous, et notamment aux jeunes, un lieu unique de conseil, d’information et d’orientation.
La maison de l’emploi et de la formation doit veiller à ce que les dispositifs existants fonctionnent bien et
d’imaginer de nouvelles réponses. A ce propos, fin avril – début mai, la maison de l’emploi et de la formation démarrera la bourse de l’apprentissage et de l’alternance.
Il s’agit d’un point unique d’information où les employeurs en recherche d’apprentis et de contrat en alternance
déposeront leurs offres. Afin d’être efficace dans la diffusion de l’information et d’aller vers le public cible, 7 bornes interactives seront installées sur l’ensemble du territoire du pays du
Calaisis. Elles permettront à tous ceux qui le souhaitent de consulter l’ensemble des annonces de cette bourse.
Cette action est menée en partenariat avec la chambre de commerce et d’industrie de Calais et la chambre des
métiers.
Elle est un exemple de la démarche que nous devons avoir : innovante, collective, cohérente et
proactive.