Winston Churchill disait :
« Nous n’avons pas toujours le choix entre une bonne et une mauvaise
solution ; très souvent, il nous faut choisir entre deux mauvaises solutions ». Nous allons nous exprimer sur l’implantation de l’entreprise ERAS Métal. J’ai cru comprendre qu’un
certain nombre d’entre vous se sont déjà exprimés contre cette installation.Mais à mon sens, nous allons un peu vite. Un peu trop vite. Nous condamnons une entreprise qui n’a pas été au bout de
ses possibilités.
Soyons parfaitement clair et je n’autoriserai personne à me faire dire
autre chose : je comprends totalement les riverains et j’aurais la même réaction si j’étais à leur place. Je comprends leurs inquiétudes. Je sais qu’il s’agit d’un sujet sensible. Mais tout
n’est pas dit.
Tout n’est pas dit parce que, avec 11 000 chômeurs, nous ne pouvons
pas rejeter une implantation créatrice d’emplois d’un revers de main. Nous voulons sortir de l’inertie économique et nous avons un immense défi à relever.
Tout n’est pas dit parce qu’il n’est pas question d’envoyer une entreprise
« polluer ailleurs ». Ce n’est pas juste. Renvoyer ERAS sous d’autres latitudes, dans des pays moins regardant sur les normes environnementales et sociales, nous rend coupables de ce
que dénoncent Yann Arthus Bertrand et Nicolas Hulot.
Tout n’est pas dit parce que les organismes et services compétents de
l’Etat français ont validé le projet.
Parce que la Norvège, qui accueille déjà une usine ERAS, est un pays
réputé pour sa rigueur environnementale.
Où me conduisent ces arguments ?
Tout simplement à constater qu’entre le projet initial et celui qui nous
est proposé aujourd’hui, 600 000 euros d’études ont été engagées par l’entreprise ERAS. Que cette entreprise n’a pas fermé définitivement la porte des négociations. Elle a déjà fait des
efforts, elle peut, peut-être, en faire d’autres. Nous devons, de nouveau, rencontrer ses responsables et tenir un langage clair. Nous devons leur dire qu’en matière environnementale, ils doivent
aller plus loin. Beaucoup plus loin.
Que nous sommes prêts à les aider et à les accompagner dans leurs
démarches auprès des autorités. Ils peuvent et doivent obtenir le soutien indispensable à une démarche environnementale innovante.
Nous devons leur dire : « nous voulons des industries, mais des
industries exemplaires ». Notre objectif est d’atteindre le « zéro déchets ». Et si pour cela nous devons aider ces entreprises, alors nous les aiderons. Ce sera un investissement
bien plus profitable que les 27 millions d’euros du stade de l’Epopée qu’on pourrait re-baptiser Stade de l’inutilité. ERAS peut devenir un modèle industriel et, pourquoi pas, la vitrine
industrielle du Calaisis.
Je le répète : je comprends les riverains. Comment ne pas
s’interroger lorsque l’on évoque des rejets de métaux lourds ? Par contre mes chers collèges, je vous trouve bien sévères avec un industriel qui s’intéresse à notre territoire. Nous sommes
des élus et nous devons avoir une vision plus large, plus lointaine.
Certes aucun projet n’est parfait, mais, au lieu de l’abandonner, faisons
en sorte qu’il devienne meilleur. Certes aucun projet n’est parfait, mais est-ce une raison pour le laisser s’implanter, tel quel, ailleurs ? Je pensais que nous habitions la même
planète !
Certes aucun projet n’est parfait, mais quelqu’un a dit, voici peu lors du
débat public Calais Port 2015, « le cadre de vie, c’est aussi l’emploi ». Il a totalement raison sur ce point. Faut-il condamner sans autre forme de procès une activité qui créera
des emplois directs et induits ?Une activité qui ajoutera de l’activité dans les transports et la logistique. Qui nous rappellera que le Calaisis a bâti sa richesse sur
l’industrie.
D’ailleurs, lors d’une réunion publique sur le projet Calais Port
2015, à Marck, le mardi 29 septembre plus précisément, un représentant des verts du littoral a dit très précisément ceci :« Je crois qu’il faut rappeler une chose : ce qui
crée le plus d’emplois sur un port, plus que les activités de transbordement, ce sont les activités industrielles ou autres sur la zone intra portuaire… il est évident que, pour convaincre, il
faudra développer cet aspect des choses qui, me semble-t-il, dans le document, est assez faible. » C’est exactement ce que je suis en train de vous dire.
Nous devons être exigeants en matière environnementale, mais pas plus
royalistes que le roi. Ou alors il faut l’être totalement et pour tout le monde. Que restera-t-il comme industrie dans le Calaisis ensuite ? Que deviendra Eurotunnel si nous répondons avec
autant d’intransigeance aux plaintes pour nuisances sonores des habitants du secteur du Pont du Leu ?
Par ailleurs, je vous invite à vous reporter à la page 67 du dossier du
débat public Calais Port 2015. Moi je lis :« Le lien entre les acteurs industriels, l’autorité portuaire et la police de l’eau s’est accru ces dernières années et de nombreuses
rencontres ponctuent la vie maritime. Elles sont l’occasion d’établir, pour les industries souhaitant s’implanter sur le port, des objectifs communs, respectueux de l’environnement et soutenables
d’un point de vue économique.
L’ensemble des acteurs travaille à la définition de valeurs de rejet
dans les eaux portuaires allant au-delà des normes réglementaires en vigueur »
C’est bien le message que nous devons envoyer aux industriels :
« vous êtes les bienvenus dans le Calaisis, mais n’y venez pas sans un projet qui réponde aux contraintes de sécurité et de protection de l’environnement et des
populations »
Mes cher(e)s collègues, nous devons aller jusqu’au bout des négociations
avec ERAS. Cependant, si vous voulez prendre position dès ce soir, Je ne m’opposerai pas à votre décision, madame le maire, mais permettez-moi de m’abstenir comme le feront sans doute plusieurs
élus qui m’ont fait part de leurs réserves.
Philippe BLET, Patrice CAMBRAYE, Gérard GRENAT, Sylvie HAZEBROUCK, Marcel PIDOU, Paulette SENICOURT, Cathy VENDEL,
Jean-Claude VERNALDE.
M.Blet
Si vous avez une qualité, c’est le courage.
Malgré l’ air du temps environnementalogique (LOL), vous avez démontrer les résonnements absurdes s’appuyant sur les peurs de la population.
Serge. B